Bâtir une grotte

Quand Marguerite connaît ses apparitions dans la cour, une grotte est déjà en place, tout au fond de la cour, occupant largement la surface du mur.

Lundi 24 mai 1948 : Dans la cour de l’école, au-dessus de la grotte, le matin. Elle a dit : « Je veux qu’on élève ici une grotte avec la statue, telle que je vous ai apparu. Et si on n’élève pas ici cette grotte, qu’on mette au moins une remarque pour voir où les apparitions ont eu lieu.»

Le mot remarque n’est pas utilisé dans ce sens en dehors de la Belgique. Ces considérations de vocabulaire nous font prendre conscience de la précision de chaque terme utilisé par la Vierge Marie dans ses dialogues avec Marguerite.

Pourquoi la très sainte Vierge demande-t-elle une grotte, qui dans la logique se placerait un peu devant la première, là précisément où les apparitions ont eu lieu ? C’est pour cela que Marguerite pose une question lors de l’apparition du Jeudi 24 juin 1948, près de chez sa tante, le soir :

-          « Est-ce que vous préférez que l’on bâtisse une grotte, que vous avez demandée, dans la cour de l’école où les premières apparitions ont eu lieu, ou ici ? »

-          « Je préfère dans la cour de l’école. »

Cette réponse de la Vierge, à l’époque n’était pas bien compréhensible, puisqu’il y avait déjà une grotte dans la cour d’école. D’où cette nouvelle demande quatre mois après, le samedi 23 octobre 1948 ; près de chez ma tante, le soir.

-          « Où, à quel emplacement désirez-vous que l’on bâtisse la grotte ? »

-          « Dans la cour de l’école, près de l’égout. »

Et de nouveau la réponse, qui se précise, est encore plus incompréhensible. Il n’y avait pas d’égout à cette époque à l’emplacement indiqué, à savoir proche du lieu de l’apparition. Il a fallu attendre de longues années pour que tout s’explique :

La grotte devait être détruite par mesure de sécurité, à cause des racines d’un arbre qui menaçaient de la faire s’écrouler. Et un égout, de fait, fut aménagé par la suite, proche de l’emplacement précis demandé par la Vierge durant l’année 1948, longtemps auparavant.

Si la direction de cette école désirait un jour réaliser ce vœu, construire de nouveau une grotte, elle possède l’indication précise de l’endroit, à la demande de la Vierge Marie.

Pour nous, tous ces détails sont une preuve de la fidélité de Marguerite à bien respecter ce qui lui a été demandé, et à bien le transmettre, sans même en comprendre la cohérence à l’époque.

 

 

Lieu apparition

Etoile dans la cour 1

Méditation

De la première apparition à Lourdes, sainte Bernadette raconte : « Il sortit de l’intérieur de la Grotte un nuage couleur d’or, et peu après une Dame jeune et belle, belle surtout, comme je n’en avais jamais vu, vint se placer à l’entrée de l’ouverture au-dessus du buisson »[1].

La symbolique de l’apparition et le nom « Immaculée conception » nous invitent à réfléchir sur un verset du Prologue de saint Jean : Jn 1,9.

Attention, là où la Bible de Jérusalem traduit : « Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme ; il venait dans le monde » (Jn 1, 9), le texte araméen dit : « Le Verbe était la lumière de vérité qui éclaire tout homme venant au monde » (Jn 1, 9). Autrement dit, le Verbe est la lumière qui éclaire l’homme au moment de sa conception dans le sein maternel, au moment où l’homme est créé corps et âme, dans une procession de lumière venant du Créateur, Père, Fils et Esprit Saint.

Ce verset de l’évangile de Jean nous invite au plus grand respect pour le sanctuaire corporel de la conception humaine et pour l’intervention divine à ce moment primordial, une intervention divine dont chaque l’homme garde secrètement la mémoire. Il ne s’agit pas de la mémoire de choses physiques et sensibles qui entourent cet événement, il s’agit de la mémoire de la toute première relation au Verbe créateur, « lumière de vérité qui éclaire tout homme venant au monde » (Jn 1, 9).

Ouvrons une parenthèse sur certaines tendances actuelles qui cherchent à réactiver la mémoire de choses physiques et sensibles autour de la conception. Elles submergent l’être humain d’une sensibilité séduisante mais qui étouffe sa relation au Verbe éternel, au Créateur qui lui donne vie. Il faut bien savoir que l’homme n’est pas créé « selon son espèce » comme le sont les plantes et les animaux, mais il est créé « à l’image de Dieu » (Gn 1, 27). Notre identité profonde se fonde dans la relation au Créateur ; étouffer notre relation au Créateur par une surcharge dans la sensibilité est un danger grave qui produira notre dévitalisation.

En résumé, la grotte de Notre Dame de Lourdes, appelée l’Immaculée conception, nous invite à revenir au Christ, lui, « le Verbe qui éclaire tout homme venant en ce monde ».


[1] Chanoine Joseph Schaffer, Les apparitions de Notre Dame à Lourdes, Parvis 2003, p. 6.

Françoise Breynaert